Résumé et Analyse
LES FORCES :
Du côté français: 4000 à 6000 hommes sous les ordres de Jean Bureau et 1 000 hommes sous les ordres de Jean de Penthièvre, soit en tout 5000 à 7000 hommes.
Du côté anglais: 2500 à 4000(?) hommes commandés par John Talbot.
LES PERTES :
Pour les Français: environ 100 hommes (estimation).
Pour les Anglais: environ 4000 hommes, la plupart capturés ou blessés.
La défaite de Talbot ne laissa en Guyenne aucune armée de campagne pour soutenir la cause anglaise. Les villes gasconnes se rendirent à l'approche de l'artillerie français. Lorsque Bordeaux se rendit de nouveau à Charles VII (10 octobre), ce fut la fin des opérations militaires de la Guerre de Cent Ans. Les Anglais étaient définitivement <<boutés hors de France>>: (selon le voeu de Jeanne d'Arc), où ils avaient perdu toutes leurs possessions, excepté la place forte de Calais, qu'ils conservèrent encore quelques dizaines d'années.
La bataille fut l'une des premières en Europe de l'Ouest où les canons furent sans nul doute l'élément décisif. Les seuls exemples précédents que l'on pourrait citer appartiennent aux guerres hussites (1420-1433), dont les batailles ressemblent beaucoup à celle de Castillon. Le tableau tactique d'une masse de munitions tirées à distance à partir de positions préparées à l'avance était en réalité un prolongement de la tactique anglaise basée sur les arcs longs (longbows). Cependant un niveau de compétence suffisant était nécessaire pour utiliser les armes nouvelles dans une position vulnérable de défense. Quelle connaissance avait Jean Bureau des tactiques de Jan Ziska, le chef hussite ? De toute évidence les amélorations apportées en Allemagne aux armes à poudre, spécialement aux petits canons, ont été rapidement assimilées par de Charles VII.
On pourrait conclure de la bataille précédente de Formigny (1450) que les canons de cette époque avaient une portée efficace supérieure à celle du <<longbow>>, de sorte que, correctement dirigés, ils devaient l'emporter dans une bataille de position. C'est pourquoi Talbot ne pouvait choisir de mener ce type de combat. A noter également la continuation du rôle de la cavalerie pour assurer une victoire décisive. Sans elle les vaincus auraient pu simplement se retirer; ils auraient été <<repoussés>>. Notons aussi que cette tactique, utilisant des tirs à distance, est essentiellement une tactique défensive, et qu'elle implique, pour être efficace, que l'adversaire lance l'assaut.
Photo aérienne du champ de bataille de Castillon aujourd'hui, prise en direction de l'ouest. La Dordogne est à gauche, Castillon-la Bataille en haut, une épaisse rangée d'arbres marque la Lidoire, juste à gauche de la route. On voit même une trace partielle des retranchements du camp français qui se révèle dans les limites de certains champs au centre de la photo. (Photo figurant dans La victoire de Castillon de J. Barthe.)
LE CHAMP DE BATAILLE AUJOURD'HUI
Le souvenir qu'a laissé la bataille dans beaucoup de comptes rendus français est caractérisé par le fait que le seul monument sur le site est dédié au chef anglais tombé au combat, Talbot. La statue existante est à l'endroit même où une chapelle, <<Notre-Dame de Talbot>>, avait été érigée par les Français peu après la bataille; elle fut appelée plus tard <<Tombe de Talbot>>, et fut détruite pendant la Révolution. Au cours des années, les restes de Talbot furent déplacés. D'abord l'ensemble des restes à l'exception du crâne fut ré-enterré à Falaise. Son crâne fut transporté en Angleterre, puis le reste de sa dépouille en 1493.
On peut encore voir l'extrémité est de la longue île au milieu de la Dordogne. C'était le Pas de Rauzan, le gué à travers lequel les Anglais tentèrent de s'échapper. Le monument de Talbot se trouve à quelques mètres au nord-est de cet endroit, à l'écart de la route vers le nord, le long d'un petit chemin et derrière une ferme.
Version française de Robert BUSSIÈRE (le 6 mars 2001)
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LES SOURCES
Léon Drouyn, Battaille de Castillon ... (1863). Henri Ribadeau, La Conquête de la Guyenne (1866). Jean Barthe, La victoire de Castillon. H. Bardon, <<La Bataille de Castillon>>. Jean Chartier, Chronique de Charles VII. Chronique de Matthieu d'Escoucy. Thomas Basin, Histoire de France. Alfred H. Burne, The Agincourt War. <<Lettre sur la bataille de Castillon en Périgord, 19 juillet 1453>>, Bibliothèque de l'école des Chartes, 2ème série, vol. III, p.245 [une lettre expédiée d'Angoulême, écrite deux jours après la bataille]. Charles Oman, The Art of War in the Middle Ages.
Bibliographie pour la Guerre de Cent Ans
OVERVIEW of The Hundred Years'War
Visitez le site de l'Association "La Bataille de Castillon"
URL d'origine : http://xenophongroup.com/montjoie/fcastilo.htm
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